7 ème article/question Le tissu et l’entre-deux (1)

13 mai 2008

LE GRAND INTERÊT DES POUVOIRS AMBIVALENTS DU TISSU

L’unité du tissu s’ouvre toujours sur des ambivalences. Ses caractères les plus spécifiques ont tous leur point d’attache dans l’un ou l’autre de ses pouvoirs ambivalents.

Des exemples sur une longue liste de ces ambivalences du tissu :

- Et celle de l’envers valant l’endroit . 1

- Et celle de l’intervalle valant le motif . 2

- Et celle du tissu parlant du dedans et au dehors .

- Et celle d’être à la fois à soi et aux autres .

- Et celle qui associe la rigueur de sa structure tissée à l’imprévisible de ses plis. 3

- Et celle des échelles multiples et de l’ambiguïté d’échelle si souvent présentes dans le tissu . 4

- Et celle du tissu au plus près de notre être, au contact de notre peau, mais se déployant comme dans l’illimité, suggérant l’immense, l’infini ; entre limité et illimité.

- Et celle d’être en correspondance avec le vivant tout en étant simple chose inanimée .

- Et celle de pouvoir jouer son rôle entre sujet et objet .

- Et celle d’être chose psychique et en même temps chose de civilisation . 13

- Et celle d’avoir toujours un mode d’existence double, tantôt méprisée, tantôt sublimée . 5

- Et celle de pouvoir être souillé, sale, d’une saleté repoussante, puis entièrement propre et de nouveau de la plus grande fraîcheur . 9

- Et celle d’être autant pour la femme et pour l’homme, mixte en somme .

- Et celle d’être à la fois continuité et discontinuité; entre analogique et numérique . 6 .

- Et celle d’être entre la forme et le nombre . 11

- Et celle d’être chose abstraite - comptes complexes, touchant au mental - et en même temps chose des plus concrètes, à toucher et à voir; entre le sensible et l’intelligible ou “sensible pour l’esprit” . 12

- Et celle donc d’intervenir entre le corps et l’esprit pour l’unité de l’être .

- Et celle d’intervenir entre soi et autrui, entre l’individuel et le collectif, dans le milieu .

- Et celle de valoir à l’enfant un passage vers le monde : - tissus des embrassements maternels et tissus transitionnels.

- Au total, d’être un passeur . 14

 

Quelques commentaires

1 - Dans ses fonctions, le tissu n’a pas d’envers nul, l’envers vaut l’endroit (à la différence du miroir), en deux rôles cependant bien distincts l’un de l’autre (à la différence du verre dont la transparence mêle les faces) .Et c’est l’envers du tissu que nous vivons au plus près.

2 - Les motifs et les intervalles ont la même valeur tissée dans les rythmes de son décor. Ils « se retirent », « se déduisent » les uns des autres, comme l’envers de l’endroit, si bien que le tissu se prête à des lectures inversées et qu’en toute zone de sa surface valent des virtualités multiples qui sont autant d’incitations à le parcourir, à le vivre en tout sens. C’est vrai même d’un simple tissu « prince de Galles » ou « pieds-de-poule ».

3 - Dans le tissu, il y a d’une part la rigueur et d’autre part, à l’opposé, l’imprévisible. Le tissu se définit par la rigueur du compte de ses fils en trame et en chaîne, il se constitue à partir des modes de croisure de ceux-ci (ou “armures”) selon une combinatoire chiffrée rigoureuse et programmée, mais ceci donne au final l’inverse de la rigueur : dans les plis imprévisibles qui se forment à chaque mouvement et selon chacun de ses positionnements. Non mesurables, ces plis se dérobent à toute rigueur, du moins pour notre perception immédiate (et de même pour la géométrie classique) .

4 - Le tissu nous fait vivre en parfaite ambiguïté d’échelle. Le tissu est à la fois à l’échelle de ses unités minimales, les croisures de fils, à l’échelle de ses innombrables motifs de petite taille quand il en comporte ; à l’échelle aussi de ses grands motifs qui parfois comprennent en eux de plus petits motifs sans pour autant les assujettir à leur échelle (autrement dit sans que ces petits motifs perdent leur autonomie et deviennent seulement des détails des grands motifs) ; à l’échelle enfin du déploiement de la pièce d’étoffe tout entière qui, dans sa continuité, son mouvement, ses plis et ses replis, suggère la plus grande ampleur, évoque l’immense, touche à l’immense et à l’illimité.

5 - Le tissu a une existence double, l’une méprisée, l’autre sublimée. Depuis la Renaissance et les siècles baroques, là-dessus le mystère a régné en Occident. Mystère qui d’un côté vouait le tissu au peu du corps, à de triviales fonctions concrètes au service du corps, le livrait aux mains des femmes, tandis qu’il perdait peu à peu sa place dans l’esprit des hommes ; en fait cessant bientôt d’être considéré, parce que l’esprit masculin, qui voulait tout définir alors, restait en but à cet imprévisible du tissu. Mais Mystère aussi du côté de la transcendance : le tissu, délaissé par la raison parce qu’indéfinissable et par trop imprévisible, était libre d’emploi précisément pour exprimer l’indicible, le surnaturel, les amplifications pathétiques dans les représentations peintes ou sculptées.

6 - Continuité, et discontinuité : l’existence concrète du tissu tient à l’une et à l’autre inséparablement(comme elle tient au nombre et en même temps à la forme). Rien ne nous donne aussi bien qu’une pièce d’étoffe, avant qu’elle ne soit coupée, le sentiment de la continuité : sous nos doigts qui la touchent et pour notre regard qui peut porter loin quand elle est déployée. Mais de près nous touchons et voyons des croisures de fils, des unités, elles, discontinues ; chaque fil se distingue des autres fils et chaque croisure constitue un module à part. Existe-t-il une autre réalité dont la structure puisse ainsi s’appréhender d’ensemble, comme cohérente, et en même temps être perceptible, aussi distinctement, par nos sens dans ses unités minimales ?

9 - Le tissu peut apparaître comme juste “avant le chiffon”, voué à recueillir éventuellement toutes les sanies du corps, il peut être d’une repoussante saleté . Mais il peut avant cela être de la plus totale propreté et redevenir entièrement propre après, voire de la plus éclatante blancheur, d’une totale fraîcheur. Prêt pour tous les charmes et toutes les solennités ; ou plus simplement pour le bien-être et l’agrément de pouvoir changer de linge .

10 - Le tissu est à retenir pour tous les services par ambivalence qu’il nous rend. “Reliant-mixte” parce qu’il est dans sa nature d’être absolument mixte, autant pour la femme et pour l’homme ; favorisant la communication entre les êtres parce qu’il se place et trouve naturellement son expression dans “l’entre-deux” ; aidant notre vie de la naissance à la mort parce qu’il l’accompagne à chaque moment, et à chaque moment nous aide à vivre cet “état de milieu” qui est fondamentalement le nôtre .

11 - Le tissu tient pour une part à la forme mais il tient aussi au nombre, par le compte de ses fils, de ses croisures et leur propagation rythmique selon une combinatoire entièrement numérisée; par cette part de lui-même il met naturellement la forme en cause . La forme corporelle c’est la continuité dans le fini, le nombre cela peut être la discontinuité et l’infini . Le tissu retient la forme du corps, mais il déborde celle-ci vers l’illimité parce qu’il est nombre .

12 - La réalité du tissu est abstraite, touchant au mental par le fait de sa structure “numérisée” et de ses rigueurs exactement comptées, elle est en même temps on ne peut plus concrète, à voir et encore plus à toucher, on ne peut plus près du corps, presque charnelle .

13 - Il est à la fois “chose psychique” pour l’individu et “chose de civilisation” .

14 - A la limite où il se place, il aide l’expression la plus intime de nous-mêmes et en même temps la communication : le tissu est un” passeur”

Etonnante association dans l’unité du tissu, dans le croisement de ses fils de chaîne avec ses fils de trame de tant de doubles pouvoirs et de tant d’aptitudes apparemment contradictoires ! Cela vaut pour tout “l’entre-deux” de la vie : entre corps et esprit, entre naissance et mort ?

Patrice Hugues

6ème article/question -Le Tissu et les mystères de la conscience

17 avril 2008

 

Voici le sixième article proposé, il est intitulé “Le Tissu et les mystères de la Conscience”. Comme pour chacun de ceux que vous avez reçus précédemment, votre avis, votre commentaire, que vous pouvez taper dans le cadre « commentaire » à la fin de l’article, aura pour moi le plus grand intérêt . Surtout si quelque chose vous intrigue, vous arrête, doit être complété ou même vous paraît inacceptable .

Merci donc de votre commentaire .

LE TISSU ET LES MYSTERES DE LA CONSCIENCE ?

Pourquoi cette approche de la conscience par le biais du tissu ? C’est qu’il s’agit de trouver le passage, désormais indispensable, entre ces mystères de la conscience et les réalités du vivant, autrement dit entre ce qui est la réalité biologique incontournable de notre être et ce qu’on retient comme le moins réductible à cette réalité biologique, la conscience . Le tissu occupe la position d’un trait d’union, d’une continuité possibles entre les deux . Il fonctionne, il intervient, à condition qu’on y prenne garde, comme une médiation de l’une à l’autre : le tissu est chose physique et chose psychique, les deux à la fois, si près de notre être, si près des tissus biologiques qui constituent intégralement celui-ci.
Mais le difficile est de trouver la juste distance de ce rapport, de rester dans la proximité constante des deux, que l’on distingue trop habituellement et à tort comme étant d’un côté le corps et de l’autre l’esprit . Le tissu se place presque toujours et fonctionne dans ce juste rapport de contact : comme le tissu touche le corps qu’il revêt, il enveloppe la conscience comme à la toucher . Le plus difficile est de rester constamment dans le contact entre ce qui est seulement représentation et pensée et ce qui est l’ensemble des circulations, des flux organiques, dans le rapport d’ensemble interne et externe au réel qui est notre vie . Le plus important se passe d’abord dans le contact du tissu et de notre peau . Le tissu aide à prolonger ce contact dans l’exploration de ces deux faces du vivant humain, lequelles assurément ne font qu’un, comme ne font qu’un “les mystères” de la conscience et la vie de nos sens.

Souvent les observations et réflexions proposées semblent perdre ce contact . Mais sans cesse les passages du tissu s’offrent pour le retrouver, relié, continu . Parce que c’est dans la nature même des tissus d’intervenir ainsi ; c’est justement cette continuité entre la conscience et le vivant que les tissus permettent de ressentir profondément .
Cela peut mener à s’en prendre aux mots en bien des passages de ce genre, c’est inévitable. En effet c’est entre les mots et d’autre part les choses, les corps, les objets, les tissus … que la partie ici est engagée .

Il y a un fait dont on doit prendre garde  à la limite de nos sens et qui rend compte en partie de ces « mystères » de la conscience . Notre conscience ne perçoit de façon précise et fine que les sensations des zones périphériques de notre corps, c’est vrai de toute notre peau et des organes de nos sens, bien davantage tournés vers l’extérieur que vers l’intérieur, seule la conscience elle-même peut se percevoir comme intérieure ; de l’intérieur de notre corps nos sensations intéroceptives restent le plus souvent inexplicites, assez frustes et sommaires et notre conscience n’a pas, la plupart du temps, le pouvoir d’agir de façon  déterminante  et directe sur cet intérieur du corps ; sauf recours à des techniques très particulières de maîtrise de celui-ci , telle le yoga .  Je cite un exemple de maîtrise indirecte moyennant le recours à un tissu, à une serviette de table par exemple : dans la douleur d’une opération chirurgicale au bas-ventre, saisir cette serviette, la rouler, la tordre en tout sens avec le maximum de force et de pression des mains et des bras, a pu prévenir et atténuer les spasmes réflexes qui marquent le plus fort de cette douleur.

En Occident on a depuis longtemps considéré le tissu avec une étonnante méfiance : vivant complètement séparés les tissus de nos sens et les tissus de nos représentations, ou bien on a éprouvé qu’ils pouvaient retenir dans leurs plis et dans les rythmes de leurs motifs quelques mystères cachés et troublants, ou bien, pour écarter ce trouble, on a voulu les laisser dans l’insignifiance et les tenir pour rien, au plus bas . En fait “ces mystères en eux cachés” sont avec les mystères de la conscience dans la plus étroite parenté . La place que l’Orient fait depuis toujours aux tissus est bien différente : le tissu y est vécu bien plus dans sa fonction d’entre-deux . Les deux approches ont chacune leurs justifications qui correspondent à des options fondamentales de civilisation, presque opposées, d’un côté et de l’autre. Aujourd’hui il n’est pas dit qu’elles ne puissent composer ensemble - ce qui à bien des égards est tout à fait souhaitable - et qu’il reste dans les tissus des “mystères cachés”, des attributions, des estimations de ces attributions séparées voire opposées, étant donné que la fonction d’entre-deux, de trait d’union est ressentie de plus en plus comme une nécessité en bien des domaines devenus désormais l’affaire du monde entier .

Patrice Hugues

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5ème Article - Cycles de civilisation et métamorphoses de l’évolution

23 mars 2008

 Lire l’enchaînement des cycles de civilisation et les métamorphoses de l’évolution


Cet article-ci fait suite à celui que vous avez déjà reçu intitulé « le Temps des hybrides » (v. le1er article /question), cette fois encore les bases de la discussion se trouvent aux chapitres 1 et 8 du Cahier III . Dragons et Anges sont ici ce qui nous occupe. Quelle continuité entre les restes des dinosaures et les dragons des légendes ou les Anges de nos croyances ?

Pour résumer cela nous mène des dinosaures jusqu’aux tapisseries de l’Apocalypse d’Angers, soit de – 65 millions d’années au minimum jusqu’aux années 1370/1380 entre Paris et Angers quand ces tapisseries ont été conçues et tissées.

Les paléontologues nous disent qu’en dépit de la disparition des dinosaures en tant qu’espèce, à la fin du crétacé, il y a environ 65 millions d’années, à partir d’eux s’est poursuivie une évolution (1). En second lieu ils décrivent comme avérée l’évolution qui a mené via l’apparition des différentes espèces d’Archéoptérix descendant des dinosaures jusqu’aux collections d’oiseaux actuelles .

Les dragons ont ils existé suivant cette ligne d’évolution ? Et les Anges ? On serait tenté de dire: sûrement pas et sûrement pas suivant cette ligne ? Voire .

Les dragons de Kommodo ou les varans des Galapagos, des espèces très rares sur la planète, ou les plus grands crocodiles actuels nous font penser aux dinosaures ; ils peuvent être pris comme des mémoires de rappel derrière les légendes. Les légendes/dragons peuvent de leur côté être considérées comme les produits de notre sous-cerveau reptilien, la partie de notre cerveau la plus archaïque . – Pourquoi pas les deux fonctionnements se rejoignant dans l’origine de ces légendes sur le Dragon: reptiles, sauriens fossiles et sous-cerveau reptilien ?

Mais les Anges, alors ? Se placent-ils entre les restes d’Archéoptérix et les oiseaux d’aujourd’hui ? Ils sont assurément le fait d’une élaboration légendaire par la tradition religieuse issue d’un sentiment dualiste de la création . Que doivent-ils à l’évolution, au titre de la science ? De même que les Dragons, les Anges ne doivent-ils pas être pris comme témoins de la même longue évolution ? Les Tapisseries de l’Apocalypse d’Angers fournissent des indices dans ce sens .

On sait que les dragons de l’Apocalypse de Jean (vers 80-90 ap. J.C.) se référaient explicitement aux Kéroubs /Chérubins, ces monstres « du temps des hybrides », ces « gardiens » dans la Bible. Dans les Tapisseries de l’Apocalypse d’Angers le dragon contre lequel lutte l’Archange St Michel nous semble, lui, procéder presque directement d’un souvenir paléontologique des dinosaures et d’archéoptéryx . En plus de son immense queue qui rappelle celle des dinosaures, les ailes de ce démon dragon sont semblables à celles des chauve-souris et procèdent peut-être justement du souvenir inconscient de l’archéoptéryx. Tandis que les ailes des anges, qui sont une affaire exclusivement d’occident (”indo-européenne”, selon G. Dumézil), sont de vraies ailes d’oiseaux, comme si les anges procédaient d’un stade plus avancé de l’évolution. L’archange cloue le dragon à terre . L’énigme relève ici d’une sourde opposition entre les options fondamentales de civilisation de l’Occident, et celles de l’Orient. En Occident le Dragon est mis à terre par l’Archange victorieux. Le Dragon est tout à fait l’opposé de l’Ange. L’option est radicalement dualiste, le Bien contre le Mal. Tandis qu’en Chine où le dragon au contraire a pu être le symbole de l’empereur, son animalité n’est pas contrée, il exprime l’unité avec la nature même dans ses débordements (1) .

 

Rassemblement Image CahierIIIA (7)
Apocalypse d’Angers ( fin XIVe) St Michel cloue au sol le dragon

L’enchaînement des Cycles - Ces hypothèses deviennent particulièrement convaincantes dès lors qu’on lit les cycles de l’évolution et des civilisations . Dans les Tapisseries de l’Apocalypse d’Angers, ces cycles de civilisation y sont présents, générés les uns par les autres : 1) Dragons et Anges peuvent se rattacher d’abord à des fossiles paléontologiques dont le souvenir (via sans doute l’archéoptérix) s’est trouvé entretenu d’une façon ou d’une autre.- 2) - ils sont un rappel du « temps des hybrides » des passés mythico-rituel, des Kérubins androcéphales assyro-babyloniens jusqu’à ceux de de la Bible, entre dragon et anges.- 3) Sont présents Jean et l’Apocalypse, ses visions du temps des persécutions contre les premiers chrétiens ( vers 80-90 ap. J.C.), les Anges servent le bien, le Dragon c’est le mal .- 4) Ensuite il y a eu cet Apocalypse d’Angers tissé en tapisserie au XIV° siècle d’après l’Apocalypse de Jean, et où tout se trouve rassemblé dans une sorte d’hybridation des temps cette fois. Jean présent sur chaque tenture est le reporter de cette enchaînement des cycles de civilisation. Des chevauchements et rattrapages mémoriels, des métamorphoses sont le propre de l’évolution dans la mémoire culturelle, laquelle a son propre temps, un autre temps que celui de la succession des périodes archéologiquement et historiquement datables, un temps sans fond vers le passé.

Rassembmeùment image Cahier III A (8)

Apocalypse d’Angers . Deux hybrides face à face, l’ Ange et le dragon-démon. On a même ici un hybride au second degré : selon Jean la femme pour échapper au dragon reçoit des ailes d’ange.

Dante et le temps des hybrides  - Que signifient-ils par eux-mêmes, ces chevauchements, par exemple comme générateurs du fantastique ? Pour Dante, dans la Divine comédie ( v.1300/1310)– au XXIe chant du Purgatoire- , ils sont comme un rappel à la dimension du temps de la Création ; mais tout autant, sans que ce soit explicitement dit dans ses vers, des indices des métamorphoses engagées « à l’avant (ou en marge) de la Création », autrement dit comme des faits de l’évolution, comme des faits du temps des hybrides prolongé. Au XXIXe chant du Purgatoire, c’est un Griffon (tête d’aigle, deux ailes immenses, membres d’oiseau couleur d’or, corps de lion) qui tire le char triomphal : « la Bête qui est une seule personne en deux natures (v.108-117) » ; Jean de l’Apocalyse est là aussi et les quatre animaux, qui sont bien les souvenirs des Kéroubs/ Chérubins de l’Ancien Testament, chacun empenné de six ailes, les plumes pleines d’yeux .- Au chant XXXI(v.117-126) on retrouve le griffon dont Dante voit l’image se refléter dans les yeux de Béatrice : « Mille désirs plus brûlants que la flamme attachèrent mes yeux aux yeux resplendissants qui se tenaient fixés sur le griffon. Comme le soleil dans un miroir, ainsi la double bête y rayonnait tantôt en une forme tantôt en l’autre. Pense, lecteur, si je m’émerveillais quand je voyais la chose être immobile en soi et se transmuer dans son image ». (v. 117-126). Ici je suis volontiers Jan Assmann et ce qu’il entend par « mémoire culturelle »(2). Ce rappel étonnant du temps des Hybrides par Dante, (vers 1310-1320) indique bien le mode de transmission et de prolongation d’un passé très lointain, celui du temps des hybrides (d’environ trente siècles plus tôt) avec métamorphose de son sens religieux dans « la mémoire culturelle » de Dante, au point qu’il rattache implicitement la double nature du griffon, de l’hybride, à la question si délicate de la double nature du Christ, à la fois Dieu et Homme.

Admettra-t-on qu’il n’y ait pas rupture de registre ni rupture de continuité entre 1) - les temps paléontologiques des dinosaures et d’archéoptérix , 2) - le temps des Hybrides de la haute antiquité, et finalement 3) - la venue des dragons et des anges de nos légendes ? Les indices à trouver de cette continuité sont à lire jusque dans les cycles contemporains, à condition évidemment de décrypter parmi de nombreuses incidences celles des religions et des options fondamentales prises par les différentes aires de civilisation sous des formes évolutive qui, même opposées, ont pu être en interaction d’une aire à l’autre dès leur plus lointaine antiquité.

Patrice Hugues

 

(1) Figure des confluences, le dragon  c’est aussi les crues dévastatrice des  grands fleuves indomptables.

 

4 ème article Les plus longues continuités

5 mars 2008

Vous avez reçu de ma part, il y a quelques mois le site Web où est présenté mon Cahier III en entier ( « En suivant le tissu..l’entre-deux… et le chien de l’épileptique »).
Peut-être l’accès à l’ensemble sur écran vous a-t-il paru assez ingrat (même s’il est toujours possible de sortir sur imprimante seulement tel chapitre ou passage qui aura retenu votre intérêt) ? Pour alléger cet accès et arriver, si vous le voulez bien, à un échange, éventuellement à une controverse tout à fait ouverte, permettez-moi de vous adresser sous forme d’articles/question de très courts textes .

Voici le 4ème de ces articles intitulé “Les plus longues continuités”. Les passages du Cahier III qui peuvent servir de bases à la discussion se trouvent principalement aux chap. 4, 6, 7 et 8.
Votre avis votre commentaire, que vous pouvez taper dans le cadre « commentaire » à la fin de l’article, auront pour moi le plus grand intérêt . Surtout si quelque chose vous intrigue, vous arrête, doit être complété ou même vous paraît inacceptable .

Je vous en remercie vivement d’avance .
Avec mon cordial salut. Patrice Hugues

 

 

« Les plus longues continuités »
Différentes échelles de temps et d’espace

Reconnaître « les plus longues continuités » suppose de savoir pratiquer différentes échelles de temps (comme dans l’espace) ; cela permet de ne pas butter sur des ruptures de registres qui n’existent pas mais qui bloquent trop souvent la recherche. Une distance est à franchir dans le temps entre temps présents et temps préhistoriques et même paléontologiques jusqu’à suivre tout le processus d’hominisation. Il serait bon de prendre l’habitude de ce trajet dans le temps comme une longue continuité. Pratiquer une autre échelle des temps pour aller bien au delà de la Préhistoire et bien sûr au delà de la très courte Histoire.- Une distance temporelle vertigineuse, ni plus ni moins. Il ne s’agit que de changement d’échelle qu’on a trop longtemps pris comme une rupture de registre. Et distance bien plus vertigineuse encore entre Homme et Cosmos, incommensurable pour l’observation « à échelle humaine ». Si ces écarts d’échelle sont seulement éprouvés, subis sans connaissance de cause, s’il y a rupture d’échelle (et donc de registre) dans le sentiment qu’on en a et dans les mentalités, l’abîme ou la fracture ouverts seront un appel d’air pour le religieux et Dieu, pour qu’ils viennent au dessus du vide et occuper le vide.

La Création du monde nous vaut seulement « une demi-longueur de temps » - Les continuités les plus amples, les plus vastes mémoires, c’est bien l’inverse de ce qui peut faire croire à la Création. La Création pour qu’on y croie implique au contraire des “ruptures de registre » (avant : rien, - après : tout le monde créé). Ce qui suit la création c’est une durée qui vient juste de démarrer, qui regarde toujours l’éternité d’après, et pas du tout d’éternité avant. La vie nous semble à la merci de cette durée intempestive mais, elle, cet entre-deux entre naissance et mort, entre avant et après, n’est pas en fait sur le modèle de cette demi longueur du temps que la Création implique.

Reconnaître des continuités élargies - Elargissement de la mémoire et de la conscience : depuis le temps de l’embryon jusqu’à l’enfant, le temps dans la vie personnelle, le temps court de notre histoire et des civilisations historiques, les temps longs de la préhistoire et encore plus longs de la paléontologie humaine, …..jusqu’aux temps de l’apparition de la vie sur la terre, de la terre elle-même ; en passant donc par tous les temps de « l’évolution », avec des ordres de grandeur qui à chaque fois changent fabuleusement.

Ressaisir ces longues continuités est sûrement l’un des meilleurs moyens pour apprendre ou réapprendre le respect de toute personne humaine issue d’une si longue évolution jusqu’à cette intentionnalité qui semble à la conscience libre de tout déterminisme.

Nécessité de rendre habituelle la perception simultanée d’échelles multiples, y compris les plus écartées, aux extrêmes. Les savants ont cette habitude, parce qu’ils pratiquent pas à pas des extensions en changeant d’appareils d’observation et de mesure, et à chaque fois d’ordre de grandeur et d’échelle . De même les mathématiciens par des itérations numériques progressives à l’infini depuis l’unité ou la fraction . De son côté le tissage la propose, cette perception, dans sa continuité à échelles multiples selon ses différents niveaux d’organisation, depuis la pièce d’étoffe entière, les motifs tissés d’échelles différentes, ensuite au niveau des fils, des fibres, et pour finir à celui des molécules polyméres et monomères…

Un premier raccordement indispensable serait que la succession puisse clairement s’établir des temps «mythiques/ rituels » aux tout premiers pas du « repli réflexif », dans cette étape de transition décisive sur plusieurs millénaires (c’est la fin du néolithique) le plus souvent omise ou très mal connue où le compte et le tissage apparaissent en même temps que l’agriculture. On aurait en même temps de nouveaux indices sur la continuité dans l’évolution des structures mentales et sur le mode de transmission des acquis (mémoire et tradition purement orales encore, rituels, signes sans écriture, puis premières écritures pictographiques jusqu’aux premières écriture linéarisées…).

Patrice Hugues

3ème article - Le Tissu “par défaut” - Les Aborigènes d’Australie

24 février 2008

Votre avis sur ce 3 ème article, votre commentaire que vous pouvez taper dans le cadre « commentaire » en fin de page aura pour moi le plus grand intérêt . Surtout si quelque chose vous intrigue, vous arrête, doit être complété ou même vous paraît inacceptable . Je vous en remercie vivement d’avance .

A propos des peintures rupestres des Aborigènes
Un Aborigène conduit devant les peintures rupestres des grottes du Périgord et du Larzac ne manquerait pas de ressentir d’abord de fortes correspondances de valeur avec les peintures rupestres de chez lui (1). Chez les Aborigènes d’Australie les peintures rupestres n’ont jamais complètement cessé, d’ailleurs dans les peintures sur écorce, qui leur font suite, même récentes, on a souvent l’équivalent, les mêmes figurations ou presque se retrouvent. Dans les peintures rupestres très anciennes dites de « Style rayon X » les organes internes sont figurés (ex. du kangourou) . Pas de séparation entre le substrat biologique, le physiologique, les organes internes (entrailles: poumons, intestin, colonne vertébrale…) et la figuration de l’animal dans ses formes externes. Il a y aussi des représentations humaines en style rayon X. Certainement ces peintures écartent tout dualisme. Ce que les Aborigènes entendent par « Le temps du rêve » est une vision extrêmement cohérente intégrée et territorialisée de tout la réalité naturelle, y compris humaine, passée et présente, suivant à la trace sur leurs itinéraires les marques laissées par les “grands Ancêtres”.
(1) - C’est l’expérience qu’a faite François Giner v. François Giner : En terre Aborigène - Albin Michel

Peintures sur le corps de losanges striés …comme un vêtement ? Les Aborigènes n’ont jamais eu de tradition de tissage, mais ces peintures corporelles préfigurent le tissu. Elles « n’entrent pas » dans la peau, elles sortent au contraire de l’intérieur du corps qu’elles figurent en partie sur la peau, dans une correspondance de sens avec les peintures de « Style Rayon X » qui montrent les entrailles des êtres représentés. C’est une structuration ritualisée des surfaces du corps, comme inhérente à l’espèce humaine, comme « tissée ».Il ne s’agit pas du tout d’une figuration mimétique du tissu des vêtements forcément récents venus par les Européens.


Rassemblement Images Cahier III A(19)
Peinture corporelle des motifs sacrés du clan de la grand-mère
maternelle, celle-ci étant appelée «colonne vertébrale” ». Parenté
certaine avec les peintures de « style rayon X » les plus anciennes
montrant en particulier la cage thoracique vue de l’intérieur.

Peintures aborigènes récentes : compte et tissages « par défaut » -Dans les peintures d’aujourd’hui, sur écorce, sur toile… on trouve très souvent des stries et rayures parallèles, des croisures (des « diamants ») qui vont dans le même sens, par un genre d’abstraction très près du modèle des structures tissées cependant non pratiquées par les Aborigènes et jusque là “comme tenues en attente”. Ce sont les signes d’un processus structurel originel d’abstraction minimale : ce sont « des rythmes avant tissage », en attente de compte et de tissage, pourrait-on dire. Comme les peintures corporelles en blanc sont pour une part tout à fait symbolique des annonces sinon des « attentes » de vêtements mais disent aussi certainement bien autre chose.

rassemblement images Cahier III A(20)
Peinture très récente (acrylique sur écorce ou sur toile). Parenté évidente avec les peintures corporelles,mais aussi peinture « comme en attente du tissage »

- Dans les peintures récentes on a certainement le nombre (points innombrables, ponctuations nombreuses avec le doigt, plus empreintes des mains avec les cinq doigt) mais certainement pas vraiment le compte; pas d’abstraction structurante ni par le compte ni par le tissage, on l’a vu. Par contre on a affaire à des schémas spatio-temporels, une quasi géographie, pas plus pas moins abstraite que celle de nos cartes, allant avec un sentiment très expressif des changements d’échelle dans leur représentation, avec extension vertigineuse par l’innombrable de leurs ponctuations, accompagnant des signes très souvent « territorialisés », indiquant très fortement des repères (des points d’eau, par exemple, certains rochers …), équivalents des êtres, objets, lieux sacrés dénommés qui jalonnent les itinéraires « du rêve » .

rasssemblement images Cahier III A(22)

Dans les peinture récentes on a certainement le nombre (points innombrables) mais pas vraiment le compte…, une extension vertigineuse vers l’innombrable , des changements d’échelles, accompagnant des signes très souvent « territorialisés » équivalents des êtres, des objets, des lieux sacrés qui jalonnent les itinéraires, ici sans doute celui du « Rêve pluie » ou du « Rêve eau » (Barbara Glowczeswski) .

Le « temps du rêve » des Aborigènes est bien un temps du tissu « par défaut », qu’on peut dire aussi « en attente du tissage ». Il annonce à sa manière le tissage, goût du nombre, habitude des changements d’échelles, sens des rythmes, des répétitions, des croisements et même des entrelacements. Mais n’ayant pas de tradition de tissage ni de pratique du tissu avant l’irruption des Européens, les Aborigènes n’ont jamais eu le sens des plis et replis du tissu qu’ils ne figurent jamais dans leurs représentations même dans leurs peintures récentes. « Le tissu par défaut », c’est autant dire que «le repli réflexif » comme mode de pensée est aussi là seulement “par défaut”. Et cela vaut pour toute leur activité symbolique . Pour les Aborigènes tout est dans « l’étendu existentiel », tout est territorialisé. Et plutôt la permanence que les temps successifs du repli .

2ème article - Des signes annonciateurs des premiers tissages (fin du paléolithique supérieur - début du néolithique)

20 février 2008

Avant les premiers tissages on peut retenir comme des signes qui les annoncent dès la fin du paléolithique supérieur et au tout début du néolithique les deux traits suivants : 1) disparition progressive et bientôt complète des figurations d’animaux dans les gravures et peintures rupestre;- 2) en revanche les signes abstraits, présents de longue date, se multiplient alors .

En rapport avec ces deux faits, suit dans ce Cahier III (chap.1 -”Le Tissu”) une approche des premiers tissages selon un éclairage inhabituel qui se défend . Qu’en pensez-vous ?

En voici des extraits :

Sur les parois des grottes encore fréquentées, alors que disparaissent les figurations d’animaux, se sont multipliés, dans les tout derniers temps du paléolithique supérieur (Aurignacien – Gravettien - Magdalénien) sur os ou sur des galets et plaquettes brutes, les signes sans figurations, points, stries nombreuses ordonnées en séries, souvent reprises en chevrons, des rectangles eux-mêmes divisés selon des partitions en grille … et il est plus que probable que des signes analogues intervenaient dans le même temps dans des peintures corporelles, comme en témoignent encore aujourd’hui les peintures rituelles sur le corps des Aborigènes d’Australie . Ce qui, selon O. Keller que je suis ici (1), était alors le premier souci d’expression, n’était plus la figuration des animaux qui avait tellement intéressé les chasseurs (et cueilleurs) mais de rendre manifeste le mouvement par la recherche spontanée de rythmes, moyennant des répétitions simples, par exemple par translations répétées d’un même signe. On sera là vite très proche des encoches de la baguette du chasseur mais aussi des premiers éleveurs leur permettant d’enregistrer et de compter leurs troupeaux. Rythmes et comptes élémentaires marchent alors de paire, les rythmes aidant la scansion des rituels dans toute leur symbolique et comme éléments structurants dynamiques du groupe entraîné à les respecter avec la plus extrême rigueur et le plus extrême précision dans tout le détail des gestes de ces rituels, jusque dans leurs accessoires. La dynamique des anciennes gravures rupestres figuratives laisse alors la place à la dynamique des répétitions et des rythmes. Les premiers comptages sont pratiqués et vont bientôt se retrouver dans les premiers tissages. Certainement il fallait cette évolution pour que aussi bien au niveau des structures mentales, des danses et cortèges rituels qu’au niveau le plus concret des outillages, des objets et des techniques, soient bientôt réunies les conditions d’apparition des premiers gestes de répétition d’entrecroisement de fibres ou de fils (premiers fils sans doute à partir de la laine mèche des ovins ou caprins, faisant suite aux lanières de cuir passées à l’aiguille pour coudre les vêtements de peau des magdaléniens), des premiers gestes de tissage, avec des comptes élémentaires, des répétitions et des rythmes en parfaite intégration avec le mouvement des corps et la demande d’animation cohérente des mentalités collectives.
Rythmes, cortèges, danses et parures (comptant éventuellement les premiers tissus cérémoniels) sous forme de rituels, sont des modalités essentielles de l’élargissement du corps/esprit à des dispositions actives de communication au sein du groupe comme avec les êtres sacrés dans l’environnement. Ces mêmes rituels sont en même temps l’un des principaux modes de transmission des savoirs et des croyances….

Patrice Hugues
(1) v.« Quelques données pour une préhistoire de la Géométries » – Olivier Keller ; Anthropologie 2001 vol.105(INIST-CNRS)

1er article - Le temps des Hybrides

15 février 2008

Êtes-vous d’accord pour revoir notre représentation des “Chérubins” qui à l’origine étaient les “Kéroub” ces Hybrides humains/animaux - par exemple ces Taureaux androcéphales ailés - gardiens “Echangeurs” aux portes des palais assyriens ou perses, ou brodés sur les tentures de la “Demeure”dans la Bible, dont les prototypes sans doute originaires du plateau iranien remontaient au IIIe millénaire av.J.C. ? Rien à voir avec des angelots ! Les passages du Cahier III correspondant “au temps des hybrides ” aux chap. 1 et 8 pourront servir de bases à la discussion . Merci d’avance de vos commentaires .
En voici des extraits :

Le temps des Hybrides
- Entre les temps mythiques-rituels et le développement du repli réflexif, il y a eu « le temps des Hybrides » . A un moment donné dans l’exploration des plus longues continuités on doit s’arrêter inévitablement sur ce qu’on peut appeler « le temps des hybrides ». Ce temps des hybrides c’est le temps d’un changement de monde, près de la fin des symbioses humains-animaux et pas loin des premiers pas du ” repli réflexif”. C’est le temps des « Kéroubins ou chérubins (!)», autrement dit des hybrides - « kéroub » ou « échangeur » en assyrien (ou akkadien) le plus ancien - ; Le temps des hybrides est celui du passage d’un monde à un autre …. (illustr. Kéroub - Assyrie - IXe s. av.J. C.)
Pour le temps des hybrides

- Ces Chérubins qu’il ne faut absolument pas prendre pour des angelots, étaient bel et bien ces monstres androcéphales, avant tout gardiens (et échangeurs), du même type que ceux cités dans la Genèse gardiens à l’entrée du jardin d’Eden et aussi Kérubins pour la Demeure, de métal ou de bois, sous le trône du Seigneur, ses meilleurs gardiens (Ex. 25, 18-22, 2 Sam.22,11), ou cités par Ezéchiel (Ez.41, 18-19) dans le Temple.

- Kérubins, gardiens mais aussi « échangeurs de mondes » ( Kéroub /« Echangeur »), d’un monde à un autre, qu’on à pu confondre par la suite avec l’Ange, chassant Adam et Eve, les contraignant à passer du paradis terrestre à un monde plein de dureté. Des Kérubins/Chérubins aux anges, simple glissement d’un hybride à un autre avec intégration de l’image humaine entière. Les anges (messagers) sont aussi de hybrides. Tous les hybrides dont il s’agit ici ont en commun d’être ailés…

- Sur les tissus les hybrides en motifs tissés et pas seulement brodés, un tissage extrêmement complexe, ils interviendront seulement beaucoup plus tard. Il fallait que soient apparus les premiers métiers à la tire ou l’équivalent . En Chine le dragon dès les soieries Han et dans l’orient méditerranéen, guère avant le VIe siècle de notre ère, les griffons, les chevaux ailés des tissus de soie de la Perse sassanide - (v. illustr.), puis viendront les anges tissés des soieries byzantines…

Pour le temps des hybrides 2

 

Patrice Hugues