4 ème article Les plus longues continuités

Vous avez reçu de ma part, il y a quelques mois le site Web où est présenté mon Cahier III en entier ( « En suivant le tissu..l’entre-deux… et le chien de l’épileptique »).
Peut-être l’accès à l’ensemble sur écran vous a-t-il paru assez ingrat (même s’il est toujours possible de sortir sur imprimante seulement tel chapitre ou passage qui aura retenu votre intérêt) ? Pour alléger cet accès et arriver, si vous le voulez bien, à un échange, éventuellement à une controverse tout à fait ouverte, permettez-moi de vous adresser sous forme d’articles/question de très courts textes .

Voici le 4ème de ces articles intitulé “Les plus longues continuités”. Les passages du Cahier III qui peuvent servir de bases à la discussion se trouvent principalement aux chap. 4, 6, 7 et 8.
Votre avis votre commentaire, que vous pouvez taper dans le cadre « commentaire » à la fin de l’article, auront pour moi le plus grand intérêt . Surtout si quelque chose vous intrigue, vous arrête, doit être complété ou même vous paraît inacceptable .

Je vous en remercie vivement d’avance .
Avec mon cordial salut. Patrice Hugues

 

 

« Les plus longues continuités »
Différentes échelles de temps et d’espace

Reconnaître « les plus longues continuités » suppose de savoir pratiquer différentes échelles de temps (comme dans l’espace) ; cela permet de ne pas butter sur des ruptures de registres qui n’existent pas mais qui bloquent trop souvent la recherche. Une distance est à franchir dans le temps entre temps présents et temps préhistoriques et même paléontologiques jusqu’à suivre tout le processus d’hominisation. Il serait bon de prendre l’habitude de ce trajet dans le temps comme une longue continuité. Pratiquer une autre échelle des temps pour aller bien au delà de la Préhistoire et bien sûr au delà de la très courte Histoire.- Une distance temporelle vertigineuse, ni plus ni moins. Il ne s’agit que de changement d’échelle qu’on a trop longtemps pris comme une rupture de registre. Et distance bien plus vertigineuse encore entre Homme et Cosmos, incommensurable pour l’observation « à échelle humaine ». Si ces écarts d’échelle sont seulement éprouvés, subis sans connaissance de cause, s’il y a rupture d’échelle (et donc de registre) dans le sentiment qu’on en a et dans les mentalités, l’abîme ou la fracture ouverts seront un appel d’air pour le religieux et Dieu, pour qu’ils viennent au dessus du vide et occuper le vide.

La Création du monde nous vaut seulement « une demi-longueur de temps » - Les continuités les plus amples, les plus vastes mémoires, c’est bien l’inverse de ce qui peut faire croire à la Création. La Création pour qu’on y croie implique au contraire des “ruptures de registre » (avant : rien, - après : tout le monde créé). Ce qui suit la création c’est une durée qui vient juste de démarrer, qui regarde toujours l’éternité d’après, et pas du tout d’éternité avant. La vie nous semble à la merci de cette durée intempestive mais, elle, cet entre-deux entre naissance et mort, entre avant et après, n’est pas en fait sur le modèle de cette demi longueur du temps que la Création implique.

Reconnaître des continuités élargies - Elargissement de la mémoire et de la conscience : depuis le temps de l’embryon jusqu’à l’enfant, le temps dans la vie personnelle, le temps court de notre histoire et des civilisations historiques, les temps longs de la préhistoire et encore plus longs de la paléontologie humaine, …..jusqu’aux temps de l’apparition de la vie sur la terre, de la terre elle-même ; en passant donc par tous les temps de « l’évolution », avec des ordres de grandeur qui à chaque fois changent fabuleusement.

Ressaisir ces longues continuités est sûrement l’un des meilleurs moyens pour apprendre ou réapprendre le respect de toute personne humaine issue d’une si longue évolution jusqu’à cette intentionnalité qui semble à la conscience libre de tout déterminisme.

Nécessité de rendre habituelle la perception simultanée d’échelles multiples, y compris les plus écartées, aux extrêmes. Les savants ont cette habitude, parce qu’ils pratiquent pas à pas des extensions en changeant d’appareils d’observation et de mesure, et à chaque fois d’ordre de grandeur et d’échelle . De même les mathématiciens par des itérations numériques progressives à l’infini depuis l’unité ou la fraction . De son côté le tissage la propose, cette perception, dans sa continuité à échelles multiples selon ses différents niveaux d’organisation, depuis la pièce d’étoffe entière, les motifs tissés d’échelles différentes, ensuite au niveau des fils, des fibres, et pour finir à celui des molécules polyméres et monomères…

Un premier raccordement indispensable serait que la succession puisse clairement s’établir des temps «mythiques/ rituels » aux tout premiers pas du « repli réflexif », dans cette étape de transition décisive sur plusieurs millénaires (c’est la fin du néolithique) le plus souvent omise ou très mal connue où le compte et le tissage apparaissent en même temps que l’agriculture. On aurait en même temps de nouveaux indices sur la continuité dans l’évolution des structures mentales et sur le mode de transmission des acquis (mémoire et tradition purement orales encore, rituels, signes sans écriture, puis premières écritures pictographiques jusqu’aux premières écriture linéarisées…).

Patrice Hugues

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