Archive pour juillet 2009

20ème article/question - Nouveaux problèmes d’échelles?

Dimanche 12 juillet 2009

NOUVEAUX   PROBLEMES  d’ECHELLES - en marge des vues aériennes du film « Home » d’Arthus-Bertrand          sur les urgences écologiques                                                                                                                                                                                                                (On trouvera après le texte  14 images, à faire défiler à la suite)                                                                                                                   

Lewis Carroll – Arthus Bertrand (A.B.) :  L’un varie entre agrandir et rapetisser, entre deux échelles qui  l’une et l’autre surprennent Alice, c’est comme dans les rêves et l’imagination symbolique des enfants pour pouvoir jouer avec les objets. L’autre, A.B., pour signaler les désastres écologiques qui menacent, voit tout du ciel (de l’hélicoptère ou de l’avion), alors tout  à terre devient miniature. Vues aériennes d’adulte qui ne laissent apparaître que rarement les objets et la réalité à l’échelle de nos  perceptions courantes : pour voir plus loin, de plus vastes portions du réel, avec une définition suffisante pour éliminer les vertiges des hauteurs.

 - Pourquoi le enfants ont-ils des jouets miniaturisant : des trains, des animaux de ferme , des avions, des voitures ….miniaturisés ? Autrement pour lui, l’enfant, tout serait trop grand : comment prendre en main  pour jouer ces équivalents du réel ?

 

- La vision des oiseaux : ils voient la terre, les arbres depuis la terre où sont leurs nids, mais ils voient aussi tout du ciel et l’échelle des dimensions change sûrement pour eux, sauf que la rapidité de leur vol  rapproche  pour eux  le petit et le grand, le très proche et le loin. Nous rêvons ce vol. Ceux des parapentes qui s’envolent depuis une falaise vivent le vol des oiseaux  (v. illustration 8 à 14).

 

- Quels objets réels dans le film d’Arthus Bertrand sont approchés de près, comme à portée de main , saisissables par la main, bols, fruits …. ? ils sont très rares. Du ciel on voit tout « beaucoup  plus petit que nature » . Mais ce n’est pas de jouets d’enfant qu’il s’agit. Des personnages du réel qui vus du sol sont plus grands que nature, ce sont par exemple les Moaïs de l’île de Pâques (entre 4 et 21 m de haut), or quand A.B. survole l’île de Pâques, vues d’avion ces  idoles colossales, même elles, sont à peine vraiment repérables. Comme si il y avait, du fait d’avoir quitté terre, inversion d ’échelle. Etrange position d’observation pour qui se place au ciel mais n’est pas dieu. Pour qu’on y croie il faut au moins au dessus de la baie de Rio de Janeiro que le Christ du Corcovado  soit entre terre et ciel  (il est haut de 31 m et placé à 710 m au dessus de la mer.- (v. illustrations 1, 2 et 3 à 7) .

 

- Justement à propos de l’Ile de Pâques - Vers 1646-1680 une véritable destruction/catastrophe s’est produite : les idoles ont été abattues et brisées (au cou le plus souvent), guerres entre tribus pour les moins mauvaises terres. C’est l’exemple d’une humanité conduite dans l’impasse et menée à sa fin. Après il y aura un certain regain de civilisation autour de « l’homme-oiseau » : rêve de délivrance par le vol comme volent libres les oiseaux migrateurs, seuls passages sur l’île depuis les terres lointaines. Un roi pour l’année : celui qui sort vainqueur des rituels d’envol. Exactement du type des « parapentes » d’aujourd’hui.  Plus aucune grande statue idole, mais  l’homme-oiseau est présent partout, gravé sur les roches, peint sur les crânes des morts……(1)

 (1) - Ce regain de civilisation a bientôt été anéanti par l’arrivée des Blancs à partir de1722. Au XIXe rafle des derniers habitants de l’ïle emmenés en esclavage vers les Amériques.

 

- Avant le temps des avions et des hélicoptères, on avait déjà comme vues du ciel les cultures en terrasses, vision magnifique mais nécessairement en pays accidenté à fort relief,  elles étaient   obligatoirement vues de la montagne d’en face, c’était possible.

 

- Si tout est pris d’avion ou d’hélicoptère, si tout est vraiment « vu du ciel », toutes les vues  peuvent être belles et « esthétisées » ; mais cela crée pas mal de confusion, tout  surprend et suscite l’admiration, qu’il s’agisse de spectacle merveilleux de la nature ( Nicolas Hulot est aussi fort à ce jeu qu’Arthus Bertrand) ou du survol de spectacles désastreux, humainement et écologiquement. Négatif et positif  se distinguent mal vus du ciel . L’écologie s’y perd . On a toujours plus ou moins le sentiment d’être au Paradis

 

 - Le changement d’échelle par la vue aérienne saisit mal le mouvement, ne le rend pas mieux, moins bien en fait, que sa réalité ne nous le donne directement à l’échelle de notre vision / perception ordinaire, courante . La vue du ciel, ça n’augmente pas vraiment la vision du mouvement à terre. On préfère alors la saisie du mouvement  de l’hélicoptère par rapport à un  relief survolé de près, ce n’est que porte ouverte à la 3D. Si l’on persiste à vouloir saisir du ciel des mouvements à terre, des mouvements d’humains nombreux, on passe alors à la fourmilière. A.B. transforme les groupes humains vus du ciel en fourmilière.

 

- Le mouvement vu d’avion ou d’hélicoptère semble dans la prise de vue refuser les ambiguïtés d’échelle et de signification. Ou le mouvement n’est pas saisi ni vraiment spécifiquement spectaculaire, ou il est une marque aberrante et complètement surprenante dans le paysage . Il faut aller y voir de plus près. A.B. cite lui-même comme l’ayant le plus frappé, troublé, l’exemple du véritable fleuve des eaux de fonte de la glace, traçant son cours impétueusement sur la calotte glaciaire arctique, le mouvement de cet écoulement parfaitement insolite prend tout le regard, il est hors échelle ! La nature est là  impressionnante en train d’avouer qu’elle subit sa dénaturation ! c’est hors de portée de la vision depuis le ciel. L’hélicoptère aura dû se poser sur le blanc immobile de la glace et de la neige qui effacent tout repère d’échelle.

Additif du 13/03/2011 … Mais c’est tout de même encore une affaire d’échelle !!! Si le mouvement vu de l’hélicoptère est vraiment immense, il est spectaculairement saisi depuis le ciel. C’est ce qu’on a vu avec le Tsunami dévastateur du 09/03/2011 sur le Japon : déferlement d’une vague immense sur plusieurs centaines de kilomètres tellement impressionnante !!!. 

 

- A.B. s’énerve quand il entend  que l’écologie ça veut dire au moins ou déjà pour chacun ne pas laisser couler l’eau pendant qu’on se lave les dents . Ce geste quotidien vaut pourtant comme apprentissage écologique, il vaut  la prière que l’enfant doit faire chaque soir pour ceux qui croient au ciel. Les enjeux à gagner ne peuvent l’être seulement à l’échelle des visions du ciel.

 

- Comme dans les précédents articles j’en viens aux recours que nous offre le tissu. Cette fois, et cela vaut pour l’enfant et pour l’adulte, il s’agit de bien vivre le tissu comme agent d’entraînement et d’appréciation plus juste des dangers écologiques qui menacent la planète. Il nous incite en particulier à reconnaître les échelles appropriées. Le tissu est là au quotidien dans notre vie, au plus près de nous, vêtements, rideaux, tentures de notre ambiance personnelle, il peut aussi se déployer au dehors, voiles des navires, banderoles et drapeaux, entre terre, mer et ciel,  et drapeaux de prière qui se mêlent à l’univers au Népal  au Tibet, en Mongolie . En toutes ces fonctions il assure autant de régulations vitales . L’ambiguïté d’échelle  qui caractérise le tissu et la structure tissée,  les échelles différenciées de ses motifs se prêtent à  l’unisson  de notre vie  avec son  environnement.  

-  Ne pas oublier l’objet transitionnel de l’enfant, souvent un chiffon, un tissu  qui lui assure un passage vers le monde extérieur depuis sa mère, sûrement un travail entre deux échelles.

 

- Devant l’écran des jeux video les plus mouvementés qui captivent aussi bien les adultes que les enfants n’est-on pas entre deux échelles, l’une qui agrandit, l’autre qui rapetisse, en somme Lewis Carroll  et Arthus Bertrand réunis ?

 

                                                                                Patrice Hugues  

 

 

 

                                                

  Illustrations  :  cliquez sur les images pour les agrandir

Idoles géantes de l’île de Pâques (Moaïs) 1 et 2                                                                                                                                                          

Mes images arthus bertrand 001Moaïs 005Mes images arthus bertrand 001 1 et2

Mes Images arthusBertraand 010Mes images arthus BertrancD006 et 008 3, 4
Mes Images Arthus Bertand5

Le Christ du Corcovado, au dessus de la baie de Rio de Janeiro (3 à 7)

Mes images arthus bertrand 006Mes images arthus bertrand 006 6 et7

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Falaise Vaches noires 0058
Falaise Vaches noires 0059
Envol de la Mouette  peinte sur le site d’Envol des parapentes   en haut des falaises ( 8 à 14)

parapenteDV60 02410parapenteDV60 02411parapente DV60 02412

Falaise Vaches Noires parapente Villers 00913

Falaise Vaches noires 005 14

Envol et vols des parapentes au dessus des falaises (10,11,12,13,14)